
ELEKTRA (histrionismes)
Création au Nouveau Théâtre du 8e en 2017
Reprise au Théâtre de l’Élysée en 2018
Distribution
Écriture : Eloïse Sekula
Mise en scène : Jean-philippe Salério
Jeu : Marie-Aude Christianne et Eloïse Sekula Vidéo : Vincent Boujon
Lumière : Yoann Tivoli
Costumes et assistanat : Catherine Bouchetal
Teaser : http://vimeo.com/236103829
Captation : https://vimeo.com/313996492
Crédit vidéos : Vincent Boujon
Crédit photos : Yoann Tivoli


À propos du spectacle
Le mythe de la famille des Atrides et deux actrices qui jouent à le raconter. J’ai voulu écrire un texte sur les femmes, les femmes dans la famille, la mienne. Un texte sur l’amour et sur le deuil avec des hommes qui gravitent autour et qui s’absentent souvent. Des mots qui jailliraient de moi comme des piques pour s’effondrer sur ma vie. Les mots c’est important. Mais finalement on a tendance à les oublier, à passer outre, on les transforme aussi, vers du fantasme et de la confusion. C’est assez fou les mots, ils s’échappent de nous sans demander l’autorisation, ils traversent nos souffles instinctivement même si on pense les maîtriser. En tout cas, dans ma famille c’est comme ça que ça se passe.
Ce désir d’écriture est né avant tout d’un besoin d’exprimer artistiquement mon vécu au sein d’une relation singulière,corrélé à une étrange ressemblance avec les femmes de la lignée des Atrides. En réalisant que le quotidien se trouvait souvent en (dés)équilibre sur le fil de la réalité et du jeu, dans nos conflits, nos interrogations et nos élans protecteurs, j’ai souhaité parfaire cette connexion et recomposer une forme de road-movie intemporel. J’ai voulu réécrire une saga familiale violente et emprunte de tendresse, tenter de retranscrire théâtralement une histoire de pouvoir, de place à prendre, jamais vacante, des tendances à l’amour destructeur mais aussi créateur.
Deux personnages féminins d’une tragique dynastie grecque, une personnalité prenant parfois possession d’une autre, s’amusant à transgresser les rôles et de la folie jouissive de s’emparer d’une forme de schizophrénie féminine. Les hommes et les personnages masculins sont fantasmés, les autres personnages féminins, les sœurs et les filles, sont des entités morcelées des actrices.
Je me suis appropriée ce mythe afin d’en donner une lecture plus personnelle, permettre au jeu de broder dans l’imaginaire, rattacher cette histoire à mon épopée sentimentale, avec ma mère.
Comment trouver sa place de femme au sein d’une famille quand on est fille, sœur, mère, épouse ? Quels sont les hommes de nos vies : les pères et les frères, les maris et les amants ? Les attaches sont-elles éternelles ? Peut-on enfreindre le mythe, se l’attribuer, le décortiquer et en faire une affaire de cœur ?
— Eloïse Sekula

C’est la deuxième fois que Marie-Aude Christianne choisit d’en passer par la tragédie antique pour parler d’elle.
Ensemble, nous avons déjà joué à l’inventer en Médée…La transgresseuse, l’infanticide, la magicienne. Nous avions conçu « Médée intimité », un peu comme un concert, une cérémonie, où les textes antiques et contemporains nous servaient à célébrer l’actrice, qui, flanquée d’une autre actrice jumelle, hydre à deux têtes dans tous ses états, se racontait, et surtout racontait JASON, l’aimé, le désiré, celui pour qui on sacrifiait avec plaisir ses enfants sur l’autel du théâtre.
Eloïse Sekula est actrice, comme sa mère Marie-Aude Christianne. Toutes deux ont choisi cette fois la maternité archétypale de Clytemnestre, pour raconter leur lien.
Eloïse Sekula est auteure…C’est elle qui mènera le bal sanglant, c’est elle qui décidera pour sa mère. Ce sera à son tour de l’enfanter. Notre parcours se fera cette fois à l’inverse, de l’intimité à la tragédie antique. Elle, elle sera, Electre, Iphigénie, Chrisothémis, toutes les filles, les sacrifiées, les vengeresses, les confidentes asservies, les tueuses de mères, les aimeuses de pères, de frères, comme des folles. Elle réglera ses comptes avec l’autre, la menteuse, la voleuse de père, de frère. Médée tuait ses enfants, Eloïse sera leur fantôme, elle inversera le carnage, c’est la mère qui sera immolée. Ensemble elles joueront à être elles mêmes, elles savent que rien n’est plus jouissif pour les actrices que de jouer avec la réalité, que de mentir ouvertement puisque tout est vrai.
AGAMEMNON, comme autrefois Jason. Agamemnon, objet de tous les vœux et de tous les conflits, l’absent qui est là toujours, partout.
J’aimerais jouer avec leurs ressemblances à elles, les héroïnes de Sekula, avec leur rivalité, feinte si parfaitement qu’on ne peut pas ne pas les croire. Jouer de leurs fusions, de leurs tragiques, histrionner ensemble.
J’aime ce miroir qui m’est tendu, j’y vois deux femmes, deux actrices, toutes les mères, toutes les filles, depuis l’antiquité, et à jamais, à la folie.
— Jean-Philippe Salério
